Pistes pour entrer dans le thème

En guise d’introduction : Essai de définition

Il convient de réfléchir aux différents aspects de l’expression « lieux de l’art », en l’envisageant à partir des différents angles ou points de vue possibles. Donc, posons-nous déjà la question de ces différents angles ou points de vue.

Que sont « les lieux de l’art » :

  • lieux où l’on crée
  • lieux d’exposition
  • lieux où l’on parle d’art, où  l’on débat
  • lieux où l’on apprend

On peut noter la définition donnée dans le magazine Fabula (numéro thématique n° 50, 2018) : « Les lieux de l’art, dans le sens le plus large qu’on puisse donner à cette formule sont les lieux où l’on produit les œuvres, où on les expose, où l’on enseigne leur pratique, où l’on discute d’art, etc. »


Quels sont les lieux de l’art ?

D’après nos connaissances, notre expérience et notre bon sens, énumérons les lieux de l’art qui nous viennent à l’esprit. Nous en ferons un classement en fonction des quatre directions définies en introduction.

Lieux de créationLieux d’exposition et d’appropriation des arts  Lieux de discours sur les artsL’art in situLieux imaginaires
Les ateliers d’artistes La nature (le land art, l’école de Barbizon, les impressionnistes…)      Salons Musées Galeries …Les écoles et universités Les lieux de conférence (auditoriums…)La nature (le landart) Les sites archéologiques Les villes musées comme Brasilia…La littérature  utopique ou dystopique
Les projets architecturaux… (ex. Archigram, ArchiLab…)
On s’aperçoit que les recherches menées nous ont conduits à créer une cinquième colonne, pour les « lieux imaginaires »

Quelques éléments d’Histoire des Arts

1. Réunion d’artistes : un événement fait date, à la Renaissance, l’avènement  des Académies (en Italie, en France).  L’Académie du dessin de Florence voit le jour en Italie vers 1563 à l’initiative de Giorgio Vasari. Ensuite, le terme est employé en France à partir du XVIIe siècle et désigne alors une institution ayant une mission dans le domaine culturel. L’Académie française est fondée en 1635 par Richelieu, l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648.

2. Lieux de discours sur les arts : Outre les académies, on discute d’art dans les salons de Mlle de Scudéry ou de Mme de Rambouillet au XVIIe s., les salons ou « cercles » du XVIIIe siècle, et les cafés qui fleurissent à partir du XVIIIe s. Ils restent aujourd’hui des lieux privilégiés.

Ex. : « le Cénacle » : Entre 1823 et 1830, les artistes romantiques se réunissaient chaque semaine chez Charles Nodier ou Victor Hugo. Le prix Goncourt : Tous les premiers mardis de chaque mois, les membres du jury du prix Goncourt se réunissent au restaurant Drouant, dans le 2ème arrondissement de Paris.

On peut se réunir également dans les ateliers des artistes.

3. Ancêtres du musée : Le cabinet de curiosités apparaît également à la Renaissance. Le regard de l’européen s’ouvre sur l’ailleurs à la Renaissance, lorsqu’on découvre des mondes et des civilisations jusqu’alors inconnus ou méconnus (Amériques, Chine, Indes…), des temps anciens (Antiquités égyptienne, grecque et latine), ou enfouis (vie préhistorique). Dans ce mouvement général de curiosité, Les Grands (Princes et autres chefs d’Etat) commencent à collectionner tout ce qui vient de loin, dans le temps ou dans l’espace. On collectionne des objets végétaux, animaux, ou minéraux, des objets de fabrication humaine, qui sont rares, ou qui viennent de loin… dans des « cabinets de curiosités » ou « «Kunst und Wunderkammern».

4. Salons : Le salon carré au Louvre donne lieu, de 1673 à 1880, à ce qu’on a appelé « les salons de peinture et de sculpture. On y exposait les œuvres des artistes agréées originellement par l’Académie royale de peinture et de sculpture créée par Mazarin, puis par l’Académie des beaux-arts. Aujourd’hui, différents lieux sont dédiés aux salons en tous genre. Le Salon des Artistes français se tient tous les ans au Grand Palais.

5. Fouilles archéologiques : La découverte du site de Pompéi vers 1760 lance la mode de l’archéologie. Les Italiens trouvent des techniques rationnelles de fouilles (dégagement objets ou ossements par strates, moulages d’éléments…). Lors de ses campagnes, par exemple en Egypte, Napoléon emmène des archéologues. Les Allemands, les Anglais et les Italiens sont pendant longtemps les plus assidus à découvrir les trésors enfouis. cf. Le Pergamonmuseum dans l’île des musées à Berlin.

Conclusion

Les lieux de l’art sont aujourd’hui nombreux et variés. Cela n’a pas toujours été. La plupart des êtres humains n’accédaient qu’à la part visible de l’art, l’architecture ; la contemplation des belles choses était réservée aux Grands. L’Art ne commence vraiment à se démocratiser en France qu’au début de la Ve République, quand est créé un Ministère de la Culture (confié à André Malraux). Y est-on, aujourd’hui ?