Par Laura, 2de – 2019-2020

Je ne suis pas qu’un masque taillé dans du bois. Je ne suis pas qu’un objet utilisé pendant des cérémonies. Je suis bien plus que ça. Vous vous posez sûrement des questions, et je comprends, car ma situation provoque toujours de la surprise.

Autrefois, j’étais un homme. Grand et fier. Je vivais dans ma tribu, et je subissais la routine. Rien d’étrange ne venait perturber ma vie. J’étais comme cette rivière qui coulait tranquillement, convoitée par tant d’Hommes pour diverses activités. Et je ne faisais rien de mal, mais la Mort m’a frappé. Je l’ai accueillie avec dignité, sans crier ou pleurer mais avec des regrets. Et puis sans savoir pourquoi, je me suis retrouvé prisonnier d’un objet. De ce masque. Oui. C’est assez surprenant. Presque horrible. Rapidement, des personnes ont utilisé ce masque, puis m’ont laissé tranquille. Heureusement, tout le monde ignorait ma présence. J’ai essayé de sortir du masque, avant de me rendre compte que ma mission était vouée à l’échec. Donc je devais rester dans le masque. Seul.

Masque Dogon en bois, dit “singe noir”, Afrique de l’Ouest, fin du XIXe siècle, Mali. Musée de l’Homme, Paris. Source :Encyc. Univ.2011

Alors, j’ai commencé à regarder autour de moi. A mémoriser une foule de détails. J’en ai vu des choses, de toutes les époques et de tous les continents !

Apparemment, certains humains aiment le mal. Ils n’hésitent pas à se montrer violents envers les plus faibles. Ils attaquent sans lâcher. Cependant, quand ils perdent, ils pleurent, se lamentent sur leurs sorts. Ou ils assument leurs erreurs, et cherchent un moyen de s’en sortir. Parfois, ils signent un accord sur un bout de papier (une vaine tentative de s’en sortir, croyez-moi sur parole). Mais il y a aussi des humains qui font le bien, sans rien demander en retour. Qui sacrifient leurs vies pour une cause juste. J’admire cela. Enfin, il y a beaucoup d’humains qui ne peuvent pas être classés dans l’une des deux catégories. Ce sont des citoyens, selon les gouvernements, qui respectent les lois et aident au bon fonctionnement d’un pays. Tous ces humains, je les ai vus. Et mes yeux se sont écarquillés face au constant affrontement entre le bien et le mal.

Actuellement, je suis dans un lieu grouillant de monde. Des personnes du monde entier viennent me voir, me photographier ou parler de moi. Là encore, je regarde, sans rien dire ou faire. Je ne suis pas qu’un masque, je suis l’âme d’un homme qui observe les gens. Je suis un témoin, et si je pouvais parler, j’en aurais des choses à dire. 

Laura, mai 2020